Adolescent, je me souviens avoir imaginé ça, devenir peintre. C’était un beau rêve mais en réalité cela me semblait finalement une chose inaccessible, aussi improbable que de devenir cosmonaute ou président de la république .
Les artistes c’étaient des héros, des magiciens, des fous, mais ils étaient si loin de mon monde et de ma culture! J’étais alors persuadé que pour devenir peintre il fallait suivre de longues études aux Beaux Arts et que, vu mes rapports peu brillants avec l école, c’était de toute façon mort d’avance. Mais je regardais, et de Lascaux à Picasso je découvrais des images qui me fascinaient.
Je dessinais depuis longtemps, depuis toujours, essayant d’imiter l’un, essayant d’imiter l’autre, jusqu’ à ce jour ou je compris qu il fallait m’abandonner à ce trait qui était le mien et laisser l’imaginaire aller à sa guise, sans jugement. Une brèche s’est ouverte et je m’y suis engouffré.
Alors la peinture est arrivée , forcément instinctive, directe, rapide, spontanée, presque enfantine, aux couleurs franches. Elle s’inspirait de bande dessinée, d’art primitif, d’art brut et s’est petit à petit imposée sans contraintes, l’essentiel étant de laisser aller la main et de composer au fur et à mesure avec ce qui naissait . Une figuration dont chaque «regardeur» une fois le tableau terminé pourrait avoir sa propre interprétation , raconter sa propre histoire. Je me suis jeté à l’eau sans trop savoir.
Il a bien fallu que je nage, j’ ai donc appris .
Déjà 30 ans d’ atelier et d’expositions, je ne sais si je suis devenu peintre mais si la figuration est encore à l’ordre du jour, si l’imaginaire guide encore mon esprit et ma main, si le dessin est encore à la base de tout, la peinture est devenue plus savante, plus réfléchie, plus attentive à la couleur, à ses nuances, à ses transparences.
Elle m’entraîne aujourd’hui vers des tonalités sombres, sourdes, aux portes de la nuit, des rêves et de la mort. La lumière est rare mais précieuse. Les figures se sont posées, souvent uniques elles retrouvent aujourd’hui les pauses et les regards des fascinants portraits d’un autre âge, d’ un autre monde.
La peinture toujours en mouvement, chaque jour recommencée à l’unisson d’une vie, du temps qui passe et nous apporte expérience et force .
Bernard Le Nen , juin 2015
Né en 1954
Vit et travaille à Lasalle dans le Gard (France)
– Autodidacte
– Dessin depuis toujours , peinture depuis 1984 (première expo)
– Artiste professionnel inscrit à la « Maison des Artistes » depuis 1999.
– Expositions personnelles et collectives en France et à L’étranger (1984-2016) : (Suisse, Maroc, Italie, Roumanie, Chine)
– Interventions dans plusieurs écoles primaires du Gard et de l’Ardèche : création d’un livre- objet et de peintures murales avec les élèves.
– Résidence (10 jours) au Collège Alice et Jean Olibo de St Cyprien (66) création avec les élèves d’un dessin de 16 m de long.
– Résidence (3 semaines) , Association « la Sauce Singulière » , atelier Beauvisage (Beauvisage – Etats-Unis, Lyon 8eme)
– Création d’affiches pour diverses associations, musique, théâtre, art plastique.
Membre du collectif « Avis de PasSages – Caravanes d’artistes » Expositions itinérantes en caravanes (2009 – 2015)
Théâtre depuis 1985 en tant que comédien : ( Molière, Xavier Durringer, Hugo, Noëlle Renaude , A. Barrico, Guy Foissy …)
En 2015 mise en scène d’ « Occident » texte contemporain de Rémi de Vos, dont j’ai aussi conçu l’affiche, et qui se joue actuellement. Cie D.B.R.
Publications :
Art dans l’air n°13 (mars,avril 2018)
Artension n° 38 (décembre 2007)
Création Franche n° 25 (octobre 2005)
Vivre l’art Magazine n° 3 (2015)